Entretien avec Sébastien COUTAUD, coach sportif 💪

Atteindre son poids idéal, sculpter son corps ou simplement se sentir mieux dans sa peau… La transformation physique est un objectif qui fait rêver, mais qui reste souvent semé d’embûches. Pour comprendre comment maximiser ses chances de succès, nous avons rencontré Sébastien Coutaud, fondateur du site coachnutrisport.fr, et surtout coach sportif passionné, spécialisé dans les transformations physiques.

Sébastien Coutaud Coach sportif

Au fil de cet échange riche et inspirant avec ce sportif épanoui, il nous dévoile les coulisses de son métier, les stratégies qu’il met en place pour accompagner ses clients vers leurs objectifs et l’importance d’un équilibre durable entre entraînement et nutrition. Il partage aussi son regard sur notre société, les tendances du fitness et ce qui fait réellement la différence entre ceux qui réussissent… et les autres.

Un entretien captivant qui pourrait bien changer votre façon d’aborder votre transformation physique !


Voici tout le podcast en version audio :


Bonjour Sébastien, et merci d’avoir accepté cette invitation, c’est un plaisir de pouvoir échanger avec toi ! Avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu nous parler un petit peu de ton parcours ?

Oui, merci Guillaume. Je m’appelle Sébastien, j’ai 40 ans et je suis coach sportif, spécialisé principalement dans la perte de poids et les transformations physiques. Il m’arrive aussi d’accompagner des personnes dans le cadre de concours ou de compétitions spécifiques, notamment en culturisme. Mais aujourd’hui, la majorité de mon activité concerne des personnes qui veulent simplement se remettre en forme et prendre soin d’elles.

Je fais du sport depuis que je suis enfant et j’ai testé énormément de disciplines. À l’origine, je voulais devenir professeur d’EPS, mais finalement, j’ai préféré m’orienter vers le côté sportif pur plutôt que pédagogique. J’ai donc suivi une licence en entraînement sportif et management, puis un master, avant de rejoindre le milieu du rugby professionnel. À l’âge de 27 ou 28 ans, j’ai quitté cet environnement pour me lancer dans le coaching personnel. À l’époque, c’était loin d’être aussi populaire qu’aujourd’hui, notamment avec l’explosion des réseaux sociaux.

J’ai commencé en me déplaçant directement chez mes clients, ou bien en les recevant en salle, avec un accompagnement individuel. Comme ce n’était pas très répandu, certains me disaient : « Seb, tu te prends pour un Américain, ça ne marchera jamais ! ». Pourtant, je proposais une approche simple, orientée vers la santé et la nutrition, qui a rapidement séduit. En quelques mois, mon emploi du temps était complet.

Mais le coaching en présentiel est assez épuisant. Et comme je voulais aider davantage de personnes, j’ai commencé à proposer des coachings en ligne il y a plus de dix ans. J’ai progressivement perfectionné mes méthodes : au départ, je m’appuyais essentiellement sur les études scientifiques, puis, avec le temps, davantage sur l’expérience et les résultats réels de mes clients. Le problème des études, c’est qu’elles ne prennent souvent en compte que l’aspect physiologique, en ignorant totalement les aspects émotionnels et psychologiques des personnes. Pourtant, même si une méthode paraît moins efficace sur le papier, lorsqu’on intègre la psychologie humaine, les résultats sont presque toujours meilleurs.

Oui tout à fait alors on reviendra justement sur ce côté là en fin d’entretien. En ce qui concerne ta formation tu disais avoir passé une licence de coach sportif ?

Aujourd’hui, la plupart des coachs sportifs ont une formation de type bac+1 ou bac+2 (BPJEPS). Quand j’ai commencé, ces diplômes n’existaient pas vraiment sous cette forme. Je me suis donc orienté vers une licence professionnelle (bac+3) qui offrait une base plus solide pour devenir préparateur physique.

Par la suite, j’ai suivi une formation complémentaire spécialisée dans le rugby, ainsi qu’un master avec une dominante en préparation physique. Ce master m’a aussi permis de développer des compétences essentielles en marketing, gestion et management. Cette dimension est très importante, car en réalité, être coach sportif ne représente qu’environ la moitié du travail. Le reste du temps, on gère des aspects administratifs comme les plannings, les factures ou encore la comptabilité. Il faut également savoir se mettre en avant, créer du contenu sur les réseaux sociaux et transmettre des informations pertinentes à ses clients ou à sa communauté. Sans oublier bien sûr de s’entraîner soi-même pour rester crédible !

On voit que le métier de coach sportif nécessite beaucoup de compétences. Parmi elles, tu as parlé de nutrition, c’est quelque chose que tu as abordé dans ton cursus?

En fait la plupart des coachs actuels font un BPJEPS et souvent c’est insuffisant et ils complètent leur formation avec un BTS en nutrition.

Moi j’ai la chance que dans ma licence déjà j’ai un DEUG où il y a déjà 28 h de cours par semaine pendant 2 ans, puis la licence. Et là on apprend l’anatomie, la physiologie et la partie nutrition.

Tu disais que la plupart de tes clients viennent soit pour de la perte de poids soit pour une transformation physique c’est quoi vraiment la différence entre les deux?

Ces deux objectifs se ressemblent un peu, mais aujourd’hui la société a évolué et le type de clientèle a changé. Il y a dix ans, les personnes qui venaient me voir étaient déjà sportives. Elles fréquentaient régulièrement une salle de sport, obtenaient des résultats moyens et cherchaient un coach pour atteindre un niveau supérieur. Celles qui ne fréquentaient pas les salles étaient généralement des femmes d’un certain niveau social, qui prenaient déjà soin d’elles, mais voulaient aller encore plus loin en étant accompagnées.

Avec l’augmentation de l’obésité ces dernières années, la majorité des personnes qui me contactent aujourd’hui souhaitent perdre entre 10 et 15 kg. Parmi elles, certaines veulent aussi aller plus loin et transformer complètement leur physique pour obtenir une silhouette athlétique et améliorer leurs performances sportives.

Ma clientèle est aujourd’hui composée à 60 % de femmes, mais dans l’ensemble, je me suis spécialisé principalement sur les personnes en recherche de perte de poids.

Et en termes d’âge, est-ce qu’il y a un profil type?

Oui, globalement, ce sont des personnes actives qui ont généralement plus de 25 ans. Passé cet âge, on constate souvent une dégradation progressive de la santé et une prise de poids. C’est le moment où l’on quitte ses parents et où l’on commence à adopter de mauvaises habitudes pendant plusieurs années, parfois 7, 8 ou même 10 ans. Avec un peu plus de moyens financiers, on sort davantage, on va plus souvent au restaurant, et tout cela favorise le surpoids. Ça peut sembler banal, mais c’est une réalité que je constate régulièrement.

En général, ma clientèle va donc de 30 à 60 ans, avec une majorité située entre 30 et 50 ans.

Donc ce sont plutôt des gens actifs, ça veut dire que toi en termes de plage horaire, tu travailles donc dans des moments où les autres ne travaillent pas, ça fait partie des sacrifices du métier de coach sportif ça?

Oui totalement alors moi j’ai de la chance d’avoir beaucoup de demandes donc ça me permet de pouvoir prendre des gens qui sont disponibles s’ils veulent vraiment travailler avec moi. Alors c’est clair que je commence de 7 h matin et je finis à 20h voire 21h. Par contre je ne sacrifie pas le week-end, où uniquement le samedi matin mais en distanciel.

La société aussi évolue et du coup les gens sont de plus en plus en télétravail, ils ont une flexibilité dans leur planning. J’ai remarqué que pour être en bonne santé si tu fais des horaires administratifs c’est pire que tout parce que t’as pas vraiment de jour pour te consacrer à un truc dans la semaine. T’as pas le temps d’aller à la salle!  Avant d’aller travailler c’est possible, mais après, en sortant tu chopes les bouchons, tu dois récupérer les enfants… Alors que les gens qui ont des horaires un peu particulier finalement ça leur laisse le temps de pouvoir s’occuper d’eux.

Quelqu’un vient te voir, il a un peu de surpoids et veut devenir ton client, comment tu vas évaluer s’il est suffisamment motivé, de quoi il a besoin?

Déjà dans un premier je leur accorde gratuitement un bilan téléphonique d’une vingtaine de minutes, pendant lequel on va faire le tour : profil, qu’est-ce que tu fais dans la vie, enfants, quelle est ta problématique et depuis combien de temps, qu’est-ce que tu as déjà mis en place, est-ce que c’est le bon moment pour te lancer? Est-ce que tu as déjà travaillé avec des coachs, etc… ça permet déjà de bien cibler les gens.

Après je leur présente ma méthode, quels résultats ils peuvent espérer avoir, quel investissement personnel ça va demander, et s‘ils sont OK, ils remplissent les documents et on est partis.

Et c’est à ce moment-là que tu vas évaluer leur condition physique dans un premier temps?

Il y a un questionnaire vraiment précis à remplir, avec photos, mensurations, et ça permet de mettre en place un programme adapté et une nutrition adaptée.

Alors justement ça nous amène sur la 2ᵉ partie de l’entretien, qui est la programmation des exercices physiques.  Comment vas définir un programme, quel type d’exercice tu vas leur faire faire, est ce que tu vas t’adapter à chacun ou est ce qu’il y a une recette miracle pour tout le monde?

Oui la recette miracle c’est ChatGPT qui fait mon travail (rires). Non c’est important de le dire parce qu’il y a des gens qui pensent qu’avec ChatGPT ils vont pouvoir se faire coacher mais ChatGPT aujourd’hui ça a le niveau d’un étudiant. ça répète des choses qu’il a vu sans comprendre pourquoi il le fait…

Non alors comment je fais? J’ai quand même des trames miracles entre guillemets. Quand tu as coaché plus de 1000 personnes, il y a des similitudes, des profils type. C’est rare qu’une personne arrive et que je me dise “tiens j’ai jamais eu ce type de profil!”.  Donc je sais déjà ce qui va marcher ou pas sur cette personne et après j’adapte en fonction du profil.

Pour rentrer un petit peu plus dans le détail sans te demander de dévoiler justement ta méthode, tu vas être plutôt faire faire des exercices brefs et intenses ou plutôt des exercices d’endurance ou de cardio?

Personnellement, je fais principalement de la musculation avec seulement une petite partie de cardio. Et quand on en fait, c’est plutôt du cardio à basse intensité pour la santé générale et la dépense calorique. Globalement, on est donc sur 80 % de musculation.

Au départ, je privilégie un apprentissage parfait des gestes avec des mouvements de base. Ensuite, on augmente progressivement l’intensité et on adapte les exercices à la morphologie de la personne et à ses objectifs esthétiques. Cette première étape, qui permet une réelle perte de poids, dure généralement entre six mois et un an.

Il y a beaucoup de mythes autour de l’entraînement. Par exemple, travailler en séries longues avec très peu de temps de repos n’est pas forcément adapté aux débutants. Une personne qui se remet au sport n’arrivera pas à tenir ce rythme. Il vaut mieux privilégier des charges modérées, faciles à maîtriser dans la durée, ce qui permet progressivement de gagner en force.

Aujourd’hui, le contexte social fait que beaucoup de gens sont en mauvaise condition physique. En France, il faut le dire clairement, nous ne sommes globalement pas en forme ! Si tu arrêtes cent personnes dans la rue et que tu leur demandes de faire une traction, combien y arriveront ? Combien réussiront à faire une simple pompe ? Je ne parle même pas de courir le 100 mètres en 10 secondes, mais simplement d’être capable de courir 1 km sans s’arrêter. Si tu regardes les photos de plages dans les années 70, personne n’était en surpoids.

Sans vouloir faire de politique, regarde les jeunes d’aujourd’hui : ils ont seulement 2 heures d’EPS par semaine, et on leur fait faire de la course d’orientation ou du ballon prisonnier ! On est loin des années 70, des idéaux de Pierre de Coubertin ou même des années 80, où il y avait une réelle exigence physique et un véritable effort demandé.

En termes de temps de séance, ce sont des séances qui peuvent être longues,  où tu privilégies des séances courtes mais plus fréquentes dans la semaine?

La plupart des gens que j’accompagne s’entraînent entre trois et quatre fois par semaine. En dessous de deux séances hebdomadaires, il est très difficile de créer une vraie routine, et sans routine durable, les personnes risquent d’abandonner rapidement sans atteindre leurs objectifs.

C’est pour cette raison que je recommande généralement trois séances par semaine. Cela permet d’alterner régulièrement une séance de sport avec un jour de repos. Le week-end, par exemple, ils peuvent simplement prévoir une marche en famille.

Chaque séance dure habituellement entre 1h et 1h15. Parfois, ça peut être un peu plus long au début, le temps que les personnes prennent leurs repères, installent et rangent le matériel. Mais en général, on reste sur une heure à une heure quinze d’entraînement intense et efficace.

D’ailleurs ce sont des exercices qu’ils peuvent faire chez eux ou plutôt en salle?

Les deux situations peuvent se présenter. Personnellement, je préfère privilégier les personnes qui s’entraînent en salle, car on obtient environ 40 % de résultats en plus. À domicile, seuls environ 30 % de mes clients disposent réellement du matériel semi-professionnel nécessaire.

S’entraîner chez soi pose plusieurs difficultés : il faut investir dans du matériel adapté, on manque souvent de place, et il est généralement plus compliqué de créer une routine durable. À la salle de sport, la séance est clairement inscrite dans l’agenda, que ce soit entre midi et deux ou avant le travail. À la maison, les distractions sont nombreuses : on est facilement tenté de s’occuper des enfants, des devoirs, de lancer une lessive, ou simplement on manque de motivation. Résultat, on finit par ne jamais s’entraîner régulièrement, et sans régularité, aucun progrès durable n’est possible.

Quelles sont les difficultés que tu rencontres le plus souvent justement et qui font que la personne n’arrive pas à atteindre ses objectifs ?

Principalement, ce sont des difficultés liées à notre société actuelle. Beaucoup de gens pensent pouvoir obtenir des résultats sans faire de réels efforts, et du coup, ils ne sont pas prêts à sortir de leur zone de confort. Il peut aussi y avoir une pression mentale trop forte : le travail, les enfants, la vie quotidienne… tout ça peut devenir paralysant, et finalement les gens ont du mal à passer à l’action.

De plus, il faut plusieurs semaines avant de ressentir les premiers bénéfices et de commencer à se sentir mieux dans son corps. C’est justement pendant cette période délicate qu’il est crucial de maintenir leur motivation.

La réussite dépend énormément du degré de souffrance que ressent la personne face à son problème. Certaines personnes ne ressentent pas une gêne suffisamment forte, elles manquent donc de motivation profonde. À l’inverse, pour d’autres, même un léger surpoids peut être vécu comme une véritable souffrance : elles se sentent mal dans leur corps, le moindre commentaire ou le simple fait de ne plus pouvoir enfiler leur pantalon préféré peut provoquer une vraie détresse psychologique. Pour ces personnes-là, cette douleur est suffisamment forte pour qu’elles se donnent à fond pour changer. La souffrance est donc un moteur puissant, et c’est souvent elle qui pousse les gens à agir.

C’est pour cette raison que je demande toujours un bilan détaillé dès le début. Je veux savoir précisément ce qui motive la démarche de chacun : est-ce une décision personnelle ? Quelle est la problématique réelle derrière tout ça ? Quelle est l’intensité de cette souffrance ? Bien sûr, je ne leur dis pas exactement en ces termes, mais c’est important pour moi d’identifier clairement ces éléments dès le départ.

Cela explique aussi pourquoi certains coachs, même très bien formés, parfois capables d’être préparateurs physiques pour l’équipe de France, ne sont pas toujours les plus adaptés pour accompagner quelqu’un vers son objectif. Personnellement, je ne prétends pas être le plus grand technicien ou celui qui possède le plus de connaissances, même si je suis passionné et que j’en ai beaucoup. En réalité, les gens ne cherchent pas nécessairement le coach le plus performant ou celui qui soulève le plus lourd. Ce qu’ils veulent, c’est quelqu’un capable de les comprendre, de s’adapter à eux, de les aider concrètement et efficacement.

Pour finir sur la partie entraînement, il y a un sujet qui m’intéresse particulièrement, c’est la récupération. La nécessité d’avoir des moments de récupération pour laisser les fibres musculaires se réparer et se renforcer entre deux entraînements. Tu sens vraiment qu’il y a un gain là dessus lorsque tes clients ont ce temps de récupération?

Alors, il faut préciser que ce que je vais dire concerne uniquement les personnes que j’accompagne, et non les athlètes professionnels. Les méthodes d’entraînement, la génétique, tout est très différent chez eux.

Pour instaurer une routine efficace, il vaut mieux espacer les séances. Cela permet aux personnes de rester motivées tout en réduisant les courbatures. Par exemple, si elles s’entraînent le lundi, le mercredi et le vendredi, elles auront davantage récupéré entre chaque séance et pourront donc mieux se donner à fond. Espacer les séances évite aussi d’avoir plusieurs jours consécutifs sans rien faire, ce qui risquerait de freiner la progression.

L’idéal, c’est de refaire une séance dès que le corps a suffisamment récupéré, même si on n’a pas encore retrouvé toute sa force. Ainsi, on alterne constamment effort et repos, ce qui permet une progression constante. C’est aussi bénéfique pour le moral, car s’entraîner trop souvent peut mener à une saturation, alors qu’espacer légèrement les séances donne davantage envie de tout donner à chaque fois.

La majorité de mes clients ne sont pas des athlètes de haut niveau, ils ont donc souvent du mal à récupérer rapidement et ressentent beaucoup de courbatures. La récupération prend donc un peu plus de temps.

En musculation, on peut justement optimiser cette récupération en organisant intelligemment les séances. Personnellement, je ne suis pas un grand fan du « full body » (travailler tout le corps à chaque séance). Je préfère plutôt une approche « half-body », ou bien du « split » (division par groupes musculaires), pour les personnes plus avancées. Par exemple, lundi, on travaille les pectoraux et les bras ; mardi, le dos ; mercredi, repos complet ; jeudi, les jambes ; et vendredi, une séance de rappel (bras ou épaules, selon les objectifs spécifiques de la personne).

Généralement, les courbatures surviennent entre 12 et 24 heures après l’entraînement. Mais certaines personnes avec une hydratation insuffisante, une nutrition moyenne, beaucoup de stress ou un entraînement peu qualitatif peuvent avoir des courbatures beaucoup plus tardives. D’ailleurs, plus on est avancé dans sa pratique, plus le corps réagit vite et les courbatures apparaissent rapidement. À l’inverse, les personnes vraiment en mauvaise condition physique ont parfois des courbatures seulement après 48 heures, voire plus tard ! Là, clairement, c’est le signe d’un problème. Difficile d’identifier précisément la cause, mais cela peut venir de leur état général de santé, de leur génétique, de leur alimentation ou encore d’une carence en certains nutriments essentiels comme les acides gras.

Alors tu me fais une transition idéale vers la 3ᵉ partie de notre entretien, qui est justement la nutrition. Est-ce qu’il y a une stratégie nutritionnelle pour accompagner les exercices physiques soit pour encourager la perte de poids, soit pour favoriser la prise de masse musculaire ?

La nutrition est extrêmement importante car elle permet non seulement d’optimiser les efforts fournis à l’entraînement, mais aussi et surtout d’améliorer la santé globale. Si tu es constamment malade, fatigué ou si tu dors mal, inutile d’espérer progresser en sport : la motivation ne sera jamais au rendez-vous. À partir du moment où une bonne nutrition améliore la santé, elle génère aussi une réelle motivation. Plus tu fais du sport, plus tu as envie de bien manger, et plus tu manges correctement, plus tu as envie d’être performant à l’entraînement.

Personnellement, je fais déjà en sorte que mes clients mangent suffisamment. Beaucoup trop de personnes suivent des régimes drastiques où elles se privent de nourriture. Le résultat est prévisible : elles manquent d’énergie, la qualité de leurs entraînements diminue, elles se fatiguent vite, et finissent par abandonner. Parfois, certaines personnes avec un mental d’acier arrivent à obtenir de bons résultats malgré ce type de régime extrême, mais souvent, elles finissent par se blesser, développer des tendinites, ou lâcher prise à long terme. Or, mon objectif est toujours d’accompagner mes clients sur le long terme : je veux les voir encore actifs dans cinq ans. Avec ce genre de restrictions excessives, ce n’est tout simplement pas viable. Donc la première chose à faire, c’est de leur apprendre à bien manger.

Ensuite, je recommande de fractionner l’alimentation en plusieurs petits repas tout au long de la journée. J’ai remarqué que les personnes qui prennent une collation ressentent beaucoup moins l’envie de trop manger lors des repas principaux. Et même quand elles font des écarts, elles consomment globalement moins de calories. Par exemple, certains clients me demandent : « J’ai un repas de famille ce soir, est-ce que je dois sauter la collation ? » Je leur réponds : « Surtout pas, ce serait une erreur compte tenu de ton profil. » Parce que s’ils ne mangent pas de l’après-midi, le soir à 21h, c’est le carnage assuré. Tandis que s’ils prennent une petite collation d’environ 300 calories, ils auront moins faim et donc mangeront moins de petits fours, tapas ou chips.

Je leur conseille aussi un apport en protéines relativement élevé. Selon moi, même une personne sédentaire devrait consommer au minimum 1 g de protéines par kg de poids corporel par jour. Par exemple, une femme de 70 kg devrait manger environ 60 à 70 g de protéines quotidiennement. Cet apport peut être augmenté en fonction de la masse musculaire et de la qualité des entraînements de chacun. Cependant, je ne pousse pas nécessairement à consommer de très grandes quantités, car cela représente un budget conséquent et, dans la pratique, c’est souvent difficile à atteindre. Même en répartissant les protéines sur trois repas et une collation, il est difficile d’atteindre des apports très élevés.

Pour les sportifs réguliers, on conseille généralement entre 2 à 2,5 g de protéines par kg de poids corporel par jour. Les sportifs pratiquant des disciplines de force comme le bodybuilding peuvent même monter au-delà. Mais en profitent-ils réellement ? Aujourd’hui, les études montrent que même en consommant une quantité élevée de protéines en une seule prise, l’anabolisme musculaire ne ralentit pas autant qu’on pouvait le penser auparavant. Finalement, il semble que plus on en mange, mieux c’est. Mais il reste plusieurs limites pratiques : la digestion, le coût financier et surtout la capacité à manger beaucoup. Chez certains hommes, passer la barre des 3500 calories quotidiennes devient presque impossible. Les performances peuvent alors être limitées par leur capacité à ingérer suffisamment de nourriture, notamment en glucides.

Est-ce que tu conseilles à tes clients de prendre des compléments alimentaires comme on peut le voir chez beaucoup de sportifs confirmés qui se supplémentent justement avec des produits un peu plus faciles à digérer au niveau protéines?

Oui, il y a des compléments alimentaires que je recommande, mais finalement, ils ne sont pas nombreux. Il y a peu de compléments auxquels je fais vraiment confiance, et peu d’entre eux sont réellement efficaces.

Aujourd’hui, on voit beaucoup d’influenceurs qui vendent des compléments très chers avec des bénéfices souvent très limités, voire inexistants. Pourtant, d’autres compléments sont vraiment utiles et efficaces, notamment ceux qui améliorent la santé de manière générale, car une bonne santé va directement influencer les progrès.

Par exemple, si tu ne prends pas de vitamine D et que tu ne t’exposes pas suffisamment au soleil, tu risques d’être plus souvent malade, ta densité osseuse sera moins bonne, et tout cela se répercutera sur ton entraînement. Quand tu es malade, tu rates des séances, tu récupères moins vite, et la progression est ralentie.

Pour la récupération musculaire, certains compléments fonctionnent très bien, comme la glycine ou le collagène. Si tu choisis des produits de qualité, ils peuvent faire une réelle différence. Certains de mes clients me disent : « Séb, tu imagines, ça fait dix ans que j’ai mal ! Mon kiné m’avait même interdit de forcer, et là ça fait seulement deux semaines qu’on a commencé la musculation, et je n’ai déjà plus de douleur ! ». Bien sûr, il y a peut-être un effet placebo, mais l’activité physique en elle-même renforce les tissus, améliore la circulation sanguine dans les tendons, et associée à une nutrition adaptée et quelques compléments bien ciblés, le résultat peut être spectaculaire.

Les compléments alimentaires sont donc vraiment importants, mais il faut aussi tenir compte du budget de chacun. On en revient à une problématique sociale : il y a cinq ans, les gens avaient globalement un pouvoir d’achat supérieur, ce qui leur permettait d’acheter davantage de compléments alimentaires, de privilégier des aliments bio, etc. Par exemple, le prix du saumon aujourd’hui tourne autour de 40 euros le kilo, alors qu’en 2018 ou 2019, c’était environ 16 euros ! Tout cela limite forcément les possibilités des personnes pour investir dans leur santé.

D’un point de vue nutritionnel tu dis que les erreurs que tu rencontres le plus fréquemment c’est plutôt des gens qui vont essayer de se restreindre trop plutôt que des gens qui mangent n’importe quoi ?

Non les gens qui sont en surpoids c’est qu’ils mangent beaucoup trop. Beaucoup de vie sociale, souvent de l’alcool, et beaucoup d’écarts.  Souvent ce sont des gens qui sont peu actifs et qui vont manger beaucoup de calories cachées sans s’en rendre compte. C’est le petit pain au chocolat trois fois par semaine. C’est pas énorme mais bon à chaque fois c’est 200 calories de plus alors que tu es assis toute la journée. Pour prendre ou perdre 1kg, c’est entre 6000 et 7000 calories. Donc si tu répètes ça sur un mois, tu prends vite 1kg, sans s’en rendre compte. Les gens me disent souvent : “oui mais je ne comprends pas, je suis allé courir dimanche…”. Oui mais si tu as couru 4km tu as dépensé 250 à 350 calories…

C’est vrai que ce n’est pas facile quand on est dans le monde de l’entreprise, on a toujours un collègue qui fête un anniversaire,  un pot de départ, et effectivement c’est toujours des aliments assez gras, assez sucrés…

Ce que je trouve intéressant aujourd’hui, c’est de constater la différence culturelle entre la France et d’autres pays. J’ai la chance de coacher quelques étrangers, notamment des Canadiens ou des Suisses, et je remarque qu’en France, une grande partie du business se fait autour des repas. Pour beaucoup de personnes, la principale difficulté est donc de réussir à suivre une alimentation saine sans être exclu socialement. Ça demande souvent de devoir expliquer à ses collègues qu’on fait attention, qu’on a pris un coach parce qu’on veut améliorer sa santé, et qu’on ne peut pas forcément partager un restaurant avec eux chaque midi. En général, les gens comprennent. Mais le problème, c’est que les relations professionnelles en France passent beaucoup par les déjeuners d’affaires, ce qui rend la situation particulièrement délicate.

Moi à mon niveau je le vois parce que je ne bois pas de bière, ni de vin à midi. Et quand on fait un repas entre collègues, je suis un des seuls qui ne prend ni bière ni vin et on me regarde bizarrement, et on me demande, “mais ça va Guillaume, t’es malade?”.

(rires) Ouais… t’es malade !

Souvent c’est un autre truc qu’on entend mais c’est vrai que moi je le vois tous les jours. Si tu sors ta banane ou ton shaker ou tes amandes à la machine à café on te prend pour un fou ! Alors que si tu achètes une barre Mars et ça repart, et que tu bois cinq cafés dans la matinée c’est presque normal ! Et si tu dis au mec “je vais fumer je reviens” c’est presque normal!

Oui il y a des habitudes à changer dans la société…

Mais peut-être que la nouvelle génération va faire changer les choses, parce que quand cette génération Z va accéder aux postes importants, ils vont dire : “nous les gars c’est open space, mais on va mettre des tapis de marche parce que les mecs quand vous êtes au téléphone, vous pouvez marcher. Ensuite à la cantine c’est fini les galettes des rois tout ça, on va faire un truc healthy avec des fruits, des légumes, on va faire venir un coach entre midi et deux, on va faire des soirées paddle, et on va faire venir un nutritionniste qui va nous parler un peu des bonnes habitudes pour être en forme”.

Sébastien, on a bien fait le tour de tous les aspects du métier, c’est hyper intéressant.  Pour finir sur une note positive, tu peux nous dire ce qui te plaît vraiment le plus dans ton métier?

Ce que j’aime vraiment dans mon métier, c’est d’abord le contact humain : pouvoir rencontrer des gens très différents et souvent passionnants, issus de milieux socio-professionnels variés. Ce sont parfois des personnes très cultivées, intelligentes dans plein de domaines, et que je n’aurais probablement jamais rencontrées autrement. Rien que pour ça, c’est déjà une vraie chance.

Ensuite, il y a le côté gratifiant du métier, car en général, les gens sont extrêmement reconnaissants. J’ai régulièrement de bons retours, et c’est toujours valorisant quand quelqu’un vient me dire : « Séb, tu as changé ma vie ! Je faisais 120 kg, ma femme allait me quitter, je n’arrivais même plus à me regarder dans un miroir. » Ou bien des femmes qui me disent : « J’étais en dépression, tu m’as donné les clés pour m’en sortir, ça fait cinq ans que je continue et franchement, c’est génial ! » Entendre ce genre de choses, c’est vraiment gratifiant, parce que tu réalises que tu fais concrètement du bien aux gens.

Enfin, un autre avantage important de mon métier est la liberté géographique qu’il me procure. Je peux travailler de chez moi, aller voir ma famille quand je veux et gérer une partie de mon activité directement depuis mon ordinateur. Bien sûr, je tiens à garder un contact régulier avec mes clients, mais cette flexibilité est un vrai plus.

Ça me permet aussi d’avoir ma propre routine sportive. Je m’entraîne moi-même régulièrement, et grâce à ce métier, il est beaucoup plus facile pour moi de préserver ma santé et de rester en forme.

Merci beaucoup Sébastien pour cet entretien, c’était vraiment passionnant. Je retiens ce côté gratifiant de ton métier. Se dire qu’on peut changer des vies en conseillant des hommes et des femmes, ça doit être quelque chose de vraiment fantastique.

Merci pour tes conseils, je suis sûr que ça va passionner plein de monde. Merci pour le temps que tu nous as consacré.

Qu’est ce qu’il faut te souhaiter pour les mois et années à venir?

De belles transformations !

Ce serait bien que la société nous soutienne davantage dans cette démarche, parce que parfois, on se sent un peu comme des extraterrestres. Il serait vraiment bénéfique que le métier de coach sportif soit davantage reconnu. Sans entrer dans des considérations politiques, mettre davantage en avant le sport, la santé, le bien-être et la nutrition serait une excellente chose. Et si, dès l’école, on encourageait les enfants à faire plus de sport et qu’on leur apprenait aussi à cuisiner correctement, cela pourrait réellement changer les choses.

Merci, ce sera le mot de la fin ! Un grand merci à toi, Sébastien, et à très bientôt !

Merci beaucoup et écoute à très bientôt!

Pour contacter Sébastien, vous pouvez passer par son site internet que je vous mets en lien : https://coachnutrisport.fr/

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